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mercredi 31 mars 2010

Les relations publiques et le budget du Québec

De l’avis unanime, le budget déposé hier par le ministre des finances du Québec, Raymond Bachand, fera époque. Il livre un message difficile : nous vivons au-dessus de nos moyens et il faut ou bien payer davantage, ou alors réduire les services publics. Ayant sondé les riens et les cœurs depuis plusieurs mois, le ministre tranche : on paiera davantage et on rationalisera au maximum l’appareil public, avec l’objectif de maintenir les services publics auxquels la population est attachée.


Mine de rien, le ministre Bachand a orchestré depuis l’été dernier un débat public de très grande envergure. Il a mandaté un comité de 4 économistes pour étudier l’état des finances publiques et proposer des solutions. Ce comité aurait pu, comme le font la plupart des comités, travailler d’abord et faire rapport ensuite. Mais la démarche a été toute autre, dans un but évident de pédagogie et d’animation du débat public.

Le comité des économistes a déposé trois rapports sur une période de quatre mois, traitant de l’état des finances publiques et des différentes approches possibles pour les assainir. Chacun de ces rapports a été abondamment commenté et discuté publiquement. Les économistes membres du comité ont été généreux de leur temps, participant à de multiples colloques, rencontres et entrevues. En parallèle, un site web permettait à tout le monde de contribuer de ses opinions.

La population est aujourd’hui nettement mieux renseignée qu’elle ne l’était il y a six mois sur l’état des finances publiques, le niveau comparatif d’endettement du Québec par rapport aux autres provinces et pays, le niveau comparatif de l’offre de services publics, et la dangereuse impasse démographique qui nous frappera inévitablement d’ici quelques années. On a traité la population avec respect en faisant appel à son intelligence. Évidemment, tous ne partagent pas nécessairement cette vision et le débat a aussi permis aux opposants d’affiner leurs arguments.

Les échanges ont été nombreux. Ils ont été ponctués de sondages permettant de repérer l’émergence de choix collectifs. Personne n’est «pour» des hausses d’impôts et de tarifs tout comme personne n’aime visiter le dentiste. Mais s’il faut choisir, alors quoi? Nous avons tous été amené à y réfléchir.

Ce débat public a mis la table pour le budget. Évidemment, il reste beaucoup à faire et il y aura inévitablement de multiples péripéties. Les opposants se manifesteront avec force, mais le débat a aussi permis aux nombreux alliés du gouvernement de structurer leur position. Et malgré tous les préjugés à ce sujet, nous savons que pour réussir en politique, il est moins important d’être populaire que d’être cohérent. La principale force du ministre Bachand dans les mois qui viennent sera de pouvoir «parler vrai» car il n’a pas craint de mettre les vrais enjeux sur la table et de nous inviter tous à en débattre.

Bref, voilà un cas où j’aimerais bien que les journalistes parlent de la «belle opération de relations publiques du ministre Bachand».

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