Les journalistes sont sous pression pour produire toujours davantage, toujours plus rapidement, pour alimenter la bête médiatique qui réclame de la nouveauté 24 heures par jour. Ce phénomène altère la balance du pouvoir entre eux et les relationnistes.
En Angleterre, une étude récente portant sur 2000 articles publiés révèle que 80 % de ces articles sont construits en tout ou en partie avec du matériel fourni par les relationnistes et les agences de presse. Les chercheurs ont aussi découvert que seulement 12 % de ces papiers avaient fait l’objet d’une vérification quant à l’exactitude des faits. En d’autres mots, les relationnistes contrôlaient directement une proportion importante du contenu des 2 000 articles étudiés.
Il est difficile de savoir si la situation est la même au Québec. On entend souvent dire qu’il y a 11 000 relationnistes pour 4 000 journalistes. Des chiffres que je cite sous toutes réserves car je n’ai pu les vérifier, mais il est tout-à-fait plausible de croire que pour chaque journaliste, il y aurait 3 relationnistes ou plus. Si tel est le cas, et connaissant les pressions auxquelles les journalistes sont soumis, il est plausible de croire que les relationnistes «contrôlent» directement la moitié, sinon davantage, du contenu des médias.
Par contre, cette conclusion est contredite par ma propre expérience des relations avec les médias, où j’ai rarement, sinon jamais, le sentiment de «contrôler» le contenu des articles et presque aussi rarement le sentiment qu’un article rend réellement justice à la position de mon client. C’est normal. Les journalistes ne sont pas là pour servir de porte-voix et même dans les circonstances les plus favorables, le message se dégrade à chaque étape de la communication (voir mon billet du 4 février à ce sujet).
Il n’en demeure pas moins que les journalistes dépendent des relationnistes pour les alimenter en informations et qu’ils n’auront pas toujours le temps de tout vérifier. Cela fait de nous des participants à part entière au processus de libre circulation de l’information. Il en découle des obligations éthiques dont nous devons être conscients.
Les relationnistes sont à la frontière entre l’organisation pour laquelle ils travaillent et le monde extérieur. S’ils disséminent une fausse information, ils minent la confiance du public, élément essentiel de la vie en société. Et comme tout finit par se savoir, une fois le mensonge ou l’erreur découverte, l’organisation qui en est à l’origine en souffre dans sa crédibilité et voit sa marge de manœuvre diminuer par rapport à l’opinion publique et au processus politique.
Le respect de la vérité sert donc aussi bien les intérêts des clients (dans la mesure évidemment où ceux-ci sont honnêtes) que l’opinion publique.
L’étude mentionnée plus haut est citée dans un document de la firme britannique Parker Wayne & Kent qui a sondé plusieurs centaines de relationnistes à propos de l’honnêteté en relations publiques. J’y reviendrai. L’étude en question se trouve à :
http://www.pwkpr.com/downloads/How_Much_Is_Truth_and_Lies_in_PR_and_the_Media.pdf
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