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lundi 25 janvier 2010

Troisième épisode : en vérité, j'ai envie de parler d'autre chose...

Très honnêtement, le troisième épisode de MIRADOR m’a fait passer un bon moment de télé mais ne m’inspire rien, côté professionnel. Si je me fie aux deux minutes proposées sur le site web de l’émission, le quatrième épisode (27 janvier) sera plus riche. D’ici là, je vous propose quelques réflexions sur une question toujours d’actualité pour notre profession : la vérité.

Nous avons vu comment le professionnel en relations publiques doit être conscient du réflexe normal de toute personne de chercher parfois à nier les faits ou à les déformer pour mieux paraître. Il faut combattre ce réflexe. Il faut dire la vérité, mais comment la définir? Voilà une question qui mérite réflexion. Sans prétendre faire le tour de la question, voici quelques idées.

Il y a plusieurs vérités, selon les points de vue. Cette affirmation ne relève pas du cynisme mais de la reconnaissance que chaque personne, selon ses valeurs et ses croyances, voit le monde à sa manière et choisit de privilégier certains faits plutôt que d’autres. Une entreprise qui veut construire une usine met de l’avant les bénéfices du développement économique. Un groupe s’y oppose au nom de la protection de l’environnement. Qui a raison, où est la vérité?

La vérité est une conception du monde où les faits trouvent une cohérence et où nous déterminons l’importance que nous leur accordons en fonction de nos valeurs et de nos croyances. Chacun d’entre nous entretient ce que Grunig appelle une «worldview», une vision du monde qui lui est spécifique. Il est donc possible pour le dirigeant de l’entreprise et pour l’écologiste d’être tous deux également honnêtes, tout en défendant des positions opposées, c’est-à-dire en faisant valoir différents aspects d’une même situation.

En même temps que les faits, le professionnel en relations publiques doit donc chercher à comprendre les valeurs et les croyances de son employeur ou client et de toutes les parties prenantes. La reconnaissance de ces valeurs est une étape incontournable de la mise en place du dialogue. Davantage encore, le relationniste doit être conscient de ses propres valeurs. Autrement, il risque de glisser du rôle d’instigateur du dialogue à celui de partie prenante.

Cela étant dit, les faits ont leur importance. La vérité d’un point de vue, quel qu’il soit, repose sur l’intégration de TOUS les faits connus d’une manière cohérente avec ses valeurs, pas seulement de ceux qui font notre affaire. Si certains faits ne cadrent pas avec notre interprétation, il faut y voir un signal à l’effet qu’une partie de la réalité nous échappe. Cette attitude aura l’immense bénéfice de forcer le maintien perpétuel de l’attitude d’ouverture aux positions d’autrui et aux faits nouveaux sans laquelle aucun dialogue fécond n’est possible.

Le rôle de porte-parole est donc très exigeant. Celui ou celle qui se contente d’ânonner des phrases convenues et qui est incapable de s’évader du strict contenu des positions officielles étriquées est de bien peu d’utilité pour les journalistes – ni même pour son organisation. Un porte-parole ne peut être une simple boite aux lettres; il doit posséder pleinement le contenu de ses dossiers et être convaincu du bien-fondé de sa position et en connaître les faiblesses et les insuffisances aussi bien que les points forts. Le ou la relationniste qui défend une position sans en connaître les tenants et aboutissants (ou, pire encore, sans y croire) sera rapidement démasqué par le premier journaliste digne de ce nom.

Encore quelques mots sur les valeurs. Elles sont fondamentales et certaines sont très largement partagées mais sont-elles universelles? Et en est-il certaines plus importantes pour les relationnistes?

Dans nos sociétés, il est acquis que la protection de la vie humaine et de la santé l’emporte sur toute autre considération, que les hommes et les femmes doivent en toutes choses jouir de droits égaux, que les enfants doivent être protégés. Mais même ces grandes vérités qui nous apparaissent si fondamentales peuvent être mises à rude épreuve par la rencontre des civilisations, comme le démontrent nos grands débats sur des sujets tels le port du hijab ou la place à accorder au religieux dans l’espace civil. Seib & Fitzpatrick citent les travaux de Josephson qui a identifié certaines valeurs qui semblent transcender le temps et les cultures : l’honnêteté, l’intégrité, le respect de la parole donnée, la fidélité, l’équité, le souci de l’autre, le respect de l’autre, le civisme, la quête de l’excellence et l’imputabilité (noter cependant que ces travaux datent d’il y a 20 ans et doivent probablement être revus).

De l’ensemble des valeurs, la plus importante du point de vue des RP est sans contredit l’intégrité, qui englobe spécifiquement les concepts d’honnêteté et d’équité et qui fait appel au maintien perpétuel d’une vigilance intellectuelle et d’une ouverture aux faits nouveaux.

Vaste sujet, d’une importance aussi fondamentale pour les relations publiques que la maîtrise des outils de communication. Réactions?


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