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vendredi 3 juin 2011

Vérité, mensonge et professionalisme en relations publiques (1)

Ce texte a aussi été publié dans Regards RP, édition du 25 mai.


1 – Les relationnistes ne sont pas des avocats (bis)

Le texte de Bernard Dagenais publié dans l’édition du 13 avril du Regards RP a le grand mérite de poser des questions très importantes : notre rapport avec la vérité, nos responsabilités professionnelles face à nos employeurs et clients, à l’intérêt public, à notre profession et à nous-mêmes.  Comme un grand nombre de nos collègues, je me suis senti interpellé.  J’ai voulu prendre le temps d’y réfléchir et de coucher par écrit quelques idées qui sont de nature, je l’espère, à faire avancer la discussion.

Je dois revenir en premier lieu sur cette insistance à nous associer absolument aux avocats ou aux politiciens.  Devons-nous tenter de les imiter, ou modeler notre comportement sur le leur?  Personnellement, je réponds «non ».  Voici pourquoi.

Mon argument fondamental est le suivant.  Nous ne sommes pas des avocats, ni des politiciens, ni des médecins, des ingénieurs, des arpenteurs-géomètres, des agronomes, des comptables ou des denturologistes.  Nous sommes des relationnistes ou, si vous préférez, des professionnel(le)s en relations publiques. Certains d’entre nous, dont moi, concevons les relations publiques comme une profession en devenir et nous tentons en toutes circonstances de nous comporter comme si la profession était reconnue. 

Les relations publiques constituent un domaine de savoir et de pratique distinct.  Nous avons notre propre corpus de connaissances, notre Art a ses règles.  Nous avons une raison d’être, une utilité sociale qui nous est propre et qui est distincte de celle des avocats ou de tout autre groupe professionnel.  Notre responsabilité devant la société découle de cette utilité sociale.  C’est en fonction de ce que nous affirmons être que nous devons définir une morale et une éthique pour les relations publiques et non en nous imaginant que nous ferions un meilleur travail en nous comportant comme des avocats[1].  Il ne viendrait à l’esprit d’aucun avocat de régir sa conduite en fonction du code de déontologie des médecins; ce sont des professions distinctes, ayant élaboré chacune son propre code de conduite en fonction de sa réalité propre.  Pourquoi en serait-il autrement pour nous? 

Par ailleurs, je suis loin d’être convaincu que les avocats eux-mêmes endosseraient le genre de conduite qui leur est attribué dans cet article.  L’avocat est un officier de justice qui doit en tout temps soutenir le respect de la loi et servir la justice (article 2.01 du Code d’éthique du Barreau).  Il est astreint à un code d’éthique autrement plus précis et rigoureux que le nôtre où est répertoriée une longue liste d’actions interdites.  En voici quelques exemples : utilisation des procédures pour nuire à autrui, adopter une attitude allant à l’encontre des exigences de la bonne foi, tirer sciemment avantage d’un parjure ou d’une fausse preuve, faire une déclaration en sachant qu’elle est fausse, cacher ou omettre sciemment de divulguer ce que la loi l’oblige à révéler, aider ou encourager un client à poser un acte qu’il sait illégal ou frauduleux.  Ces obligations me semblent peu compatibles avec «la recherche de la confusion et de la désinformation».   Le travail de l’avocat est d’interpréter les lois et les règlements de la manière la plus favorable aux intérêts de son client.  Deux avocats qui représentent des parties adverses peuvent défendre des positions opposées en invoquant chacun des textes de lois; ils se livrent à une joute d’interprétation devant un juge à qui il revient de trancher.  Ces avocats n’auront pas menti ni pratiqué la désinformation.  Si un avocat ment ou abuse des procédures, il contrevient à son code de déontologie.  Est-ce vraiment là une référence valable pour une réflexion sur notre éthique professionnelle?

Pour ce qui est de la politique, c’est un domaine très particulier qui échappe aux comparaisons avec les professions.  Bien que certains persistent à confondre le «spin» politique avec les relations publiques, ce sont deux choses très différentes.  Aussi différentes que peuvent l’être la lutte pour le pouvoir dans une société (ce qui est l’essence de la politique) et l’exercice d’une responsabilité professionnelle dans le cadre d’une profession établie.  Mais cela est le sujet d’un autre article et nous amènerait trop loin de notre préoccupation d’aujourd’hui.

LA SEMAINE PROCHAINE :  Qui sommes-nous?



[1]   Voir à ce sujet le texte que je cosignais avec Matthieu Sauvé, ARP, FSCRP, le 17 mars 2010 sur mon blog : http://guyversailles.blogspot.com/

samedi 28 mai 2011

Merci!

J’ai reçu ce jeudi 26 mai un très beau témoignage de reconnaissance de la part de mes collègues relationnistes alors que l’on me remettait le prix d’excellence Yves Saint-Amand.  Cet honneur me touche sincèrement, je ne l’avais pas vu venir.
J’ai voulu faire ma part pour les relations publiques parce que j’y crois.  Pour moi, les relations publiques forment une profession, dans le sens plein et entier du terme. Une profession qui obéit à ses propres règles de l’art.  Qui forge sa propre éthique, basée sur une conception claire du rôle qu’elle joue dans notre société.  Qui refuse de se laisser cantonner dans la fonction d’outil et qui assume – voire qui impose, lorsque les circonstances l’exigent - sa valeur stratégique.
Il y a quelques décennies, la fonction responsable de gérer les relations d’une organisation avec son environnement n’était pas indispensable, mais elle l’est devenue.  Une organisation publique, para-publique, privée, ou communautaire  qui prétend jouer un rôle utile en société doit obligatoirement, en 2011, apprendre à gérer ses relations avec son environnement social et politique.  Cela, c’est notre spécialité, notre champ d’action, notre utilité pour la société, qu’aucun autre groupe professionnel ne peut assumer avec autant de compétence que nous.
Gandhi disait : « Nous devons être le changement que nous voulons voir dans le monde.»   Notre profession est en devenir.  Mais elle demeurera éternellement en devenir si nous n’agissons pas pour qu’elle soit reconnue à sa juste valeur.
Il nous revient à nous, les plus vieux, mais aussi aux plus jeunes, de nous prendre au sérieux.  De connaître nos valeurs.  De nous affirmer dans nos milieux de travail et de refuser ce que nous savons être inadéquat, insuffisant, inefficace, ou non éthique.  De nous comporter comme de vrais professionnels, sans attendre que d’autres nous en reconnaissent la vertu.  D’étudier notre art en profondeur et de nous perfectionner sans cesse.  De savoir comment bien servir nos employeurs et nos clients, sans tourner le dos au bien commun. De nous tenir debout, quoi.
C’est à cela que je nous convie tous et toutes.  À devenir meilleurs, à nous affirmer comme professionnels, chacun et chacune d’entre nous individuellement, et comme groupe, comme une profession qui devra un jour cesser d’être une promesse pour devenir une réalité.
Chers collègues, merci encore pour cet honneur que vous me faites ce soir.  Je tâcherai toujours de m’en montrer digne.