Les approches conventionnelles de gouvernance ne conviennent pas à la recherche de solutions en matière de développement durable. Il faut mettre en œuvre des processus plus collaboratifs afin de sortir des habituelles oppositions entre les intérêts économiques, sociaux et environnementaux. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est la Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie (TRNEE) et le Forum des politiques publiques, deux organismes relevant du gouvernement fédéral, dans une publication très récente (mars 2010), «Le progrès grâce aux processus». Ce document d’une quarantaine de pages est facilement accessible via le site web de la TRNEE.
«Nous devons retourner aux sources et reprendre le dialogue, afin de transformer le goût du dialogue et de la discussion en des processus acceptables et efficaces pour la gouvernance du développement durable» peut-on lire dans le message d’introduction signé par les présidents de ces deux organismes.
La TRNEE a constaté depuis longtemps que les mécanismes décisionnels traditionnels tendent à exclure et à opposer les intérêts divergents alors que, au contraire, une véritable démarche de développement durable nécessite une approche intégratrice. Il faut développer de nouveaux processus basés sur le mode collaboratif.
S’adressant aussi bien aux gouvernements qu’aux groupes d’intérêts, les deux organismes affirment qu’il faut «apprendre à exercer le pouvoir différemment», savoir dégager des intérêts commun, respecter les règles d’un dialogue véritable dans la construction de relations de long terme basées sur la confiance. On ne demande pas aux participants d’abandonner leurs positions et leurs pouvoirs, mais plutôt de laisser leurs armes au vestiaire lorsqu’ils entreprennent un dialogue, et d’assumer chacun une partie de la responsabilité dans la mise en œuvre des solutions résultant de ce dialogue.
On est loin ici de la consultation traditionnelle où les gouvernements, après avoir écouté les organismes, décident seuls et où les organismes jouent aux gérants d’estrade.
«Dans un tel processus de collaboration, les participants apprennent un dialogue en trois étapes : l’expression des points de vue, la délibération et la prise de mesures. Au troisième stade, plutôt que de redonner au gouvernement la tâche d’instaurer des solutions, les participants collaborent afin d’attribuer les rôles et les responsabilités selon la personnalité ou le groupe qui leur semble le mieux placé pour accomplir une tâche particulière… Le résultat est un plan d’action qui répartit les rôles et les responsabilités entre tous les participants, et qui établit une responsabilité commune quant aux résultats.»
Les 20 personnes qui ont participé aux travaux ayant mené à la production de ce rapport sont des hauts dirigeants de la fonction publique fédérale et de divers organismes de représentation économiques et environnementaux. Aucun ne provient de l’univers des relations publiques. J’y vois à la fois un signe encourageant et un défi.
Il est encourageant de constater que ces personnes éminentes, en principe branchées sur les défis de l’avenir et sur cette notion féconde entre toutes qu’est le développement durable, dégagent de leurs travaux la nécessité d’adopter des processus «collaboratifs» évoquant très fortement, et souvent très directement, des concepts fondamentaux des relations publiques modernes, notamment le dialogue, le respect mutuel, la mise en place de mécanismes de communication continue, la recherche de solutions communes.
Mais lorsque l’on constate que les mots «relations publiques» n’apparaissent jamais dans le document, on prend la mesure du défi que représente toujours la «légitimisation» des relations publiques. Ce défi, c’est à nous de le relever. En affirmant haut et fort que les processus collaboratifs prônés par les deux organismes fédéraux trouvent des bases solides dans la théorie moderne des relations publiques et dans la mise en œuvre de cette théorie par des relationnistes professionnels.
lundi 3 mai 2010
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